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Yves Boisvert Le postmodernisme, Montréal, Boréal, 1995. Introduction Cest peu à peu que le mouvement postmoderniste sest fait conna?tre. à lorigine, au début des années 60, on pensait quil sagissait dune nouvelle vogue en architecture qui faisait la promotion dune esthétique métissée, où le confort moderne allait dorénavant c?toyer le style traditionnel. Joseph Hudnut, Nikolaus Pevsner, Charles Jenks et Paolo Portoghesi furent les premiers à se pencher sur ce nouveau courant. Avec les années 70, le postmodernisme est apparu dans les champs artistique et littéraire. Dans le domaine des arts plastiques, cela sest traduit par la création d?uvres multidisciplinaires. La littérature, quant à elle, a pris ses distances face aux récits linéaires. Leslie Fieldler et Ihad Hassan ont justement tenté dexpliquer ce phénomène. Le postmodernisme a gagné ensuite dautres disciplines, telles que la philosophie (principalement à la suite de la parution de lessai de Jean-Fran?ois Lyotard, La Condition postmoderne) et les communications. Enfin, depuis le début des années 80, plusieurs sociologues (Baudrillard, Lipovetsky, Mafessoli) se sont ralliés à lidée que la postmodernité pourrait bien correspondre à une période historique marquée par un nouvel ordre social. Dès 1980, une polémique est apparue autour de la postmodernité. Dune part, le philosophe Jürgen Habermas a reproché au mouvement postmoderniste dêtre néoconservateur. Dautre part, le postmoderniste Jean-Fran?ois Lyotard a laissé entendre quHabermas nétait quun utopiste pour parler de la modernité comme dun projet non achevé. Laffrontement entre Habermas et Lyotard a engendré un pullulement de prises de position autour de la postmodernité, des prises de position extrêmement diverses, pour ne pas dire contradictoires. Cette inflation des discours a vidé les concepts de leur sens coutumier: cest ainsi que tout est devenu moderne ou postmoderne, rationnel ou irrationnel. On peut donc qualifier ce débat dorageux, dimpul